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Premier acteur du marché du travail en France avec 54 000 collaborateurs, plus de 1000 agences et relais de proximité ainsi qu’un réseau de partenaires sur l’ensemble du territoire, Pôle emploi œuvre au quotidien pour faciliter le retour à l’emploi des demandeurs et offrir aux entreprises des réponses adaptées à leurs besoins de recrutement. Ses derniers résultats témoignent des transformations majeures initiées dans tous les domaines : généralisation du conseil en évolution professionnelle, mobilisation autour de la formation, promotion de la création d'entreprise, développement de l'offre de services digitale et soutien à l’innovation.

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Traverser la France pour trouver un emploi

Les quatrièmes Rencontres de l’emploi ont questionné la problématique de la mobilité des travailleurs face aux inégalités territoriales de la création d’emploi. Un événement organisé par Pôle emploi le 2 avril à la Maison de la Mutualité et dont Acteurs publics TV était partenaire.

Plus d’un Français sur 10 déménage chaque année. Parallèlement, la moitié des personnes ayant un emploi résident à plus de 15 kilomètres de leur lieu de travail. Qu’elle soit résidentielle ou pendulaire, la mobilité recouvre des réalités extrêmement différentes, qui s’expliquent tant à l’échelle de l’individu qu’à l’échelle des territoires. C’est sur cette problématique d’actualité qu’ont débattu chercheurs, élus et professionnels du secteur à l’occasion de la 4e édition des Rencontres de l’emploi. L’idée selon laquelle une personne mobile trouve plus facilement un emploi n’est pas toujours évidente, à entendre les intervenants des différentes tables rondes. Pour Firmine Duro, directrice en charge des partenariats de Pôle emploi, la mobilité est une « compétence sociale » qui permet à une personne d’élargir son périmètre de recherche d’emploi, mais qui ne trouve pas écho chez tous les demandeurs d’emploi. Difficultés financières pour se rendre à un entretien ou à une formation, absence de véhicule ou de transports pour rejoindre son lieu de travail, problème de garde d’enfants… Les freins à la mobilité sont nombreux, qu’ils soient d’ordre matériel ou psychologique. « Quand vous avez perdu votre emploi, vous vous trouvez déjà dans une situation difficile, ou vous vous retrouvez un peu démuni. Pouvoir garder son environnement familial, rester dans un quartier ou sur un territoire que l’on connaît bien peut alors être rassurant », relève Firmine Duro.  

Les métropoles n’attirent plus
« Les demandeurs d’emploi sont attachés à leur territoire, confirme Stéphane Ducatez adjoint au DGA “réseau” de Pôle emploi, en charge des études et de la performance. Pour 22 % d’entre eux, trouver un emploi à proximité de leur domicile est le premier critère de leur recherche. » Une proportion qui s’élèverait à 40 % pour les demandeurs d’emploi peu diplômés, alors que les cadres, eux, seraient beaucoup plus mobiles. La mobilité ne doit donc pas être appréhendée comme une solution certaine et unique ; les parcours de formation et les projets de reconversion professionnelle sont autant de pistes développées par Pôle emploi pour aider les demandeurs d’emploi à adapter leurs compétences aux emplois présents sur leur territoire. C’est notamment l’objectif du Plan d’investissement dans les compétences, lancé début 2018 et doté d’une enveloppe globale de 14,6 millions d’euros, visant à former et accompagner 1 million de demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés et 1 million de jeunes éloignés du marché du travail. Cette problématique de la mobilité interroge également le dynamisme des territoires et leur attractivité. « Il y a une déconnexion entre l’attractivité économique des métropoles et leur attractivité résidentielle : les métropoles ne font plus envie », relève Hugo Bevort, directeur des stratégies territoriales au Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), citant l’exemple de la capitale, qui a perdu 12 000 habitants par an entre 2011 et 2016 , selon l’Insee. « L’image de métropoles dynamiques est une représentation idéale qui cache une forte hétérogénéité », ajoute Nadine Levratto, directrice de recherche au CNRS, affectée au laboratoire EconomiX à l’université Paris-Nanterre.  

Créer des synergies pour créer de l’emploi
Une hétérogénéité renforcée par les nouvelles métropoles qui, à l’exception de Clermont-Ferrand, suivent une trajectoire négative en termes d’emploi, précise l’universitaire. Alors que certains territoires ruraux, au contraire, connaissent un vrai dynamisme économique. À l’image des Herbiers, en Vendée, qui enregistre un taux de chômage de 4,5 % (contre 9 % au niveau national), ou encore Laval, en Mayenne, avec seulement 5,8 % de demandeurs d’emploi, un taux identique à celui de ce département très rural. Une réussite qui s’explique, selon Alain Mauny, directeur régional « Pays de La Loire » de Pôle emploi, par la volonté des différents acteurs de travailler ensemble : « Ce qui compte, c’est la capacité des entreprises, élus, institutionnels et associations, à nouer des partenariats et à créer des synergies au bénéfice du territoire. » Une impulsion commune nécessaire pour enclencher une dynamique vertueuse, que ce soit en zone rurale, urbaine ou périurbaine, confirme Jean Viard. « La vie associative et les activités proposées aux familles fidélisent la population et créent l’art de vivre qui attire l’emploi », estime le sociologue, directeur de recherches CNRS au Cevipof et ancien élu municipal de Marseille. « L’emploi se développe là où il fait bon vivre », conclut-il. 

Laisser parler les émotions au travail
Ces Rencontres de l’emploi se sont conclues par la remise du Prix du livre Pôle emploi 2019, décerné à Aurélie Jeantet pour son ouvrage Les Émotions au travail (édition CNRS). « Dans le monde du travail, les émotions sont parfois réprimées, voire instrumentalisées », observe la sociologue, maître de conférences à l’université Sorbonne Nouvelle Paris-III et chercheuse au laboratoire CNRS Cresppa. 
Il faudrait au contraire « ne pas être toujours dans cette idée de maîtriser ces émotions, les gérer, les rationnaliser, les instrumentaliser, mais les reconnaître à leur juste place, ni trop, ni trop peu, et les laisser advenir dans leur ambivalence et leur diversité, de manière à ce que l’humain soit entier, et ainsi peut-être, produire moins de souffrance au travail », a-t-elle expliqué au micro d’Acteurs publics TV.

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