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Vote utile, abstention, enterrement de LR et du PS : les enseignements du scrutin

La principale surprise du scrutin du 10 avril tient à la force du “vote utile”, qui s’est manifestée dès le premier tour de l’élection présidentielle au profit du Président sortant, Emmanuel Macron. Si ce dernier achève l’œuvre de destruction des deux grands partis historiques que sont Les Républicains et le Parti socialiste, il devra convaincre après un début de campagne très critiqué.

Une surprise. Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle se traduisent par un remake de l’affiche du printemps 2017. Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affronteront au second tour, le 24 avril. La principale surprise de ce scrutin tient à la force du “vote utile”, qui s’est manifestée dès le premier tour. Les 3 premiers candidats totalisent à eux seuls 73 % des suffrages. Et 14 points séparent le troisième, Jean-Luc Mélenchon, du quatrième, Éric Zemmour.

Ce dernier s’écroule après avoir tenu le haut du pavé pendant des mois. Huit candidats sur les 12 présents au premier tour se situent en-dessous de la barre fatidique des 5 %, dont le franchissement est nécessaire pour un remboursement des frais de campagne. Un message fort des Français, qui se sont déplacés dans l’isoloir et qui ont voulu, plus que jamais, du changement dans les institutions de la République.

Les abstentionnistes, quasiment aussi nombreux qu’en 2002 – un record à l’époque –, ont fait le reste. Parmi les candidats qui ne franchiront pas ou probablement pas la barre des 5 % : Anne Hidalgo et Valérie Pécresse. Pendant des décennies et jusqu’en 2017, leurs deux partis ont dirigé alternativement le pays. La chute reste sans équivalente dans l’Histoire de la Ve République et vient parachever le mouvement initié en 2017. Emmanuel Macron boucle la boucle et finit ainsi d’achever les deux grands anciens partis de gouvernement.

Effet drapeau

Le Président sortant a particulièrement siphonné les voix des Républicains. Depuis deux mois, l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande est passé par tous les états. Au mois de janvier, il dominait ostensiblement les sondages, auréolé de sa gestion de la crise, du “quoi qu’il en coûte” et de l’“effet vaccin”. Le déclenchement de la guerre en Ukraine, à la veille de sa déclaration de candidature, le propulse encore davantage au sommet. L’effet drapeau joue à plein. Malgré tout, la déclaration de candidature, minimaliste, sans prise de risque, déçoit ; la retraite à 65 ans semble braquer les esprits ; le début de campagne, marqué par une hausse de l’inflation, sème le doute. Enfin, le Président-candidat est accusé de vouloir esquiver le débat.

Au final, le socle macronien a tenu et le Président sortant a fait mentir les Cassandre des dernières semaines. Plus que jamais, il apparaît comme le candidat de la droite et du centre. Plus que jamais, il apparaît dans la position de Jacques Chirac en 2002 : Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Yannick Jadot et Fabien Roussel ont appelé à voter pour lui, afin de faire barrage à l’extrême droite. Jean-Luc Mélenchon a, lui, très clairement invité ses électeurs à “ne pas donner une seule voix à Marine Le Pen”, ce que le candidat LFI n’a pas manqué de marteler dans son discours. Dès lors, comment le Président-candidat tentera-t-il de rassembler ? Tel sera le défi du second tour, avec en ligne de mire la nomination du prochain Premier ministre. Si Marine Le Pen paraît disposer sur le papier de faibles réservoirs de voix, elle peut capitaliser sur le rejet important dont le Président fait l'objet. L'attitude des abstentionnistes du premier tour sera au centre de l'attention. Les premiers sondages annoncent un résultat serré, dans la marge d'erreur. L’ampleur du vote mélenchoniste – hétéroclite – incite à la plus grande des prudences. Rien n’est joué.

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