Tous les managers ou presque – 96 % – connaissent ou ont entendu parler des sciences comportementales, sans forcément disposer d’une connaissance très précise en la matière. Si un travail de pédagogie reste donc à mener – le nudge et l’économie comportementale restent méconnus –, leurs attentes sont élevées. Ce sont les enseignements forts de cette enquête “Les décideurs publics et les sciences comportementales : un état des lieux”, réalisée par Kantar et Acteurs publics Études. Ces sciences ont été fortement sollicitées depuis le mois de mars par l’exécutif, qui s’est appuyé sur l’équipe dédiée de la direction interministérielle de la transformation publique (DITP) pour appuyer sa communication et ses interventions. Le lien vers l'enquête dans sa globalité.
Développées timidement dans la fonction publique depuis quelques années, aussi bien dans le versant État que dans les collectivités territoriales, les sciences comportementales s’imposent aujourd’hui comme un outil précieux pour le pilotage des politiques publiques.
Formation et volonté politique
Les décideurs publics en ont bien conscience. S’ils sont 62 % à ne pas y avoir encore eu recours dans le cadre de leurs missions, ils sont en revanche 87 % à estimer que ces sciences peuvent rendre l’action publique plus efficace. Ils soulignent ainsi l’apport des sciences comportementales dans la gestion de crises et dans l’accompagnement des équipes. 82 % des personnes interrogées estiment que “grâce aux sciences comportementales, on peut utiliser d’autres outils que la sanction et l’interdiction” à l’endroit des citoyens. Les logiques budgétaires et de réduction de coûts ne sont quant à elles pas perçues comme un objectif principal. Le recours à ces sciences peut venir en appui d’interventions dans un champ très large de politiques publiques, la protection de l’environnement et la prévention des risques étant citées en priorité.
Comment accélérer ? Par la formation, l’échange de bonnes pratiques, la volonté politique et une meilleure information-communication autour de ces méthodes. L’appétence est réelle : une large majorité des managers souhaite bénéficier d’une formation aux sciences comportementales, avec certes quelques réserves, puisqu’ils sont 43 % à estimer qu’y recourir peut poser de réels problèmes éthiques et moraux – 46 % sont d’un avis contraire. Un travail de pédagogie et d’explication reste donc encore à mener, tant sur l’utilisation des sciences comportementales par les équipes que sur ses impacts sur les politiques publiques. Cette enquête y contribue.
L’enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de 431 décideurs publics, identifiés et sollicités par Acteurs publics Études du 3 juillet au 9 septembre 2020. Des interviews réalisées en ligne.