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Sobriété énergétique : l’exécutif vise l’État mais aussi les collectivités

La Première ministre a de nouveau insisté, fin juillet, sur la nécessité de réduire la consommation énergétique de l’État. À commencer par l’ajustement du thermostat. Le gouvernement a lancé en parallèle de nouveaux groupes de travail, notamment sur les collectivités locales et le numérique.

Alors que la pression énergétique se fait de plus en plus sentir face à la diminution des livraisons de gaz russe et à la mise à l’arrêt de près de la moitié du parc nucléaire français, l’exécutif maintient la pression sur les membres du gouvernement. Depuis le lancement des premiers groupes de travail, fin juin, pour réduire la consommation d’énergie de 10 % d’ici 2024, et notamment un groupe sur l’exemplarité de l’État, le plan “Sobriété énergétique” du gouvernement continue de s’étoffer.

La Première ministre, Élisabeth Borne, a ainsi diffusé, le 25 juillet, une circulaire à l’ensemble des membres de son gouvernement, pour lui demander “d’engager sans délai des mesures d’ampleur visant à réduire la consommation d’énergie et d’accélérer la sortie des énergies fossiles”. Une exemplarité censée aider les Français à consentir de nouveaux efforts.

13 térawatts-heure par an pour le parc immobilier

Au-delà de la symbolique et de ce “souci d’acceptabilité”, il s’agit aussi pour celui qui emploie des millions d’agents, possède 65 000 véhicules – sans compter les nombreux véhicules opérationnels comme ceux de la police et de la gendarmerie – et près de 200 000 bâtiments, de prendre sa juste part. Treize térawatts-heure (TWh) d’électricité sont consommés chaque année par le parc immobilier de l’État, notamment pour le chauffage des locaux. La Première ministre demande aux secrétaires généraux des ministères de définir “des plans ministériels de sobriété énergétique et d’exemplarité” dans la continuité du plan “Services publics écoresponsables” de février 2020, dont la bonne mise en œuvre est rappelée au passage. 

Les plans ministériels devront couvrir les administrations centrales de chaque ministère comme leurs administrations déconcentrées, opérateurs et établissements sous tutelle. D’ici là, 2 mesures phares déjà annoncées début juillet sont imposées par la Première ministre : plafonner le chauffage, en hiver, à 19 degrés maximum, et limiter la climatisation aux seuls locaux dont la température dépasse les 26 °C. Le tout en veillant à “ne pas laisser les appareils en veille et à éteindre les lumières lorsqu’elles ne sont pas nécessaires”. À l’instar des commerces, les guichets de services publics sont appelés à maintenir leurs portes closes pour ne pas gaspiller le chauffage ou la climatisation.

Dans sa circulaire, Élisabeth Borne encourage également ses ministres à préférer les mobilités dites durables, comme le vélo et le covoiturage, et à faire passer leur flotte de véhicules à l’électrique. Une semaine plus tard, le 1er août, Bercy précisait d’ailleurs son propre plan, initié depuis 2020 et le plan de relance : formation des agents aux bonnes pratiques (aération naturelle des locaux, extinction des lumières et équipements informatiques…), rénovation des bâtiments (dont la consommation a baissé de 8 % entre 2018 et 2021), réalisation de bilans d’émissions de gaz à effet de serre… De quoi, faire chuter de 15,5 % la consommation totale d’énergie du ministère.

Collectivités locales en première ligne

En plus des 2 premiers chantiers sur l’”État exemplaire” et le monde de l’entreprise, 4 autres ont été lancés au cours du mois de juillet, autour des commerces, du logement, du numérique et des collectivités locales. Le troisième a pour mission d’identifier les mesures prioritaires pour diminuer de 10 % la consommation énergétique du secteur du numérique et des télécommunications, que ce soit au niveau du réseau Internet des opérateurs télécoms ou au niveau des entreprises du numérique. Pour y parvenir, le gouvernement mise notamment sur les nouvelles technologies. “À titre d’exemple, la consommation énergétique des lignes fixes a été divisée par trois avec le passage à la fibre”, fait valoir Bercy dans un communiqué. De plus, malgré un usage mobile toujours plus important, le passage à la 5G, dans les zones très denses, entraînera une amélioration de l’efficacité énergétique d’un facteur 10 par rapport à la 4G, et d’un facteur 50 par rapport à la 3G”, avance le ministère, en s’appuyant sur une étude de la Fédération française des télécoms. 

Le même jour, les principales associations d’élus locaux étaient également réunies autour de Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires), Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique) et Caroline Cayeux (Collectivités territoriales) pour lancer les réflexions concernant les collectivités locales, en tant que consommatrices d’énergie, mais aussi en tant que moteurs d’une politique de sobriété sur leurs territoires. “Selon les compétences dont elles disposent – qu’il s’agisse d’éclairage public, de chauffage dans les écoles et les gymnases, ou encore de mobilités –, les collectivités territoriales ont les moyens d’agir pour accélérer la réduction de notre consommation d’énergie”, écrit le ministère de la Transition écologique dans un communiqué.

Plusieurs mesures, pour la plupart similaires à celles auxquelles veut bien se plier l’État, sont avancées : limitation du chauffage et de la climatisation dans les bâtiments publics, sensibilisation des agents aux bons gestes, généralisation de l’éclairage LED ou recours aux nouvelles technologies et systèmes innovants pour optimiser la consommation, avec un gain pouvant monter “jusqu’à 50 %” sur l’éclairage. C’est d’ailleurs le sens d’un appel à projets lancé le 19 juillet pour explorer l’utilité de l’intelligence artificielle dans la transition écologique et énergétique des collectivités.

Mais comme pour tous les autres secteurs, l’ensemble des mesures préconisées par le groupe de travail “Collectivités territoriales” devront être sur la table de l’exécutif d’ici la fin de l’été, pour la grande annonce du mois de septembre.

La sobriété énergétique au défi des EIG
La direction interministérielle du numérique a dévoilé, le 2 août, la liste des nouveaux projets d’administrations menés par des experts du numérique dans le cadre du programme “Entrepreneurs d’intérêt général” (EIG). On retrouve parmi eux le défi “État bas carbone” porté par le Commissariat général au développement durable (CGDD). L’objectif ? “Soutenir les services de l’État dans la réduction de leur empreinte carbone” et en particulier dans la réalisation de leurs bilans d’émissions de gaz à effet de serre. Le CGDD compte sur ses 3 EIG pour développer en dix mois un outil capable d’aller chercher les bonnes informations au bon endroit, afin de préremplir au maximum ces bilans d’émissions, obligatoires depuis 2015 pour les services de l’État et grandes collectivités.

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Club des acteurs publics

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