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Plan de relance : pourquoi des stratégies différenciées en Europe ?

Alors qu’une année se sera bientôt écoulée depuis le premier confinement en France et bien que le niveau d’incertitude reste élevé quant aux perspectives de sortie de crise (en lien notamment avec les stratégies vaccinales et l’apparition de nouveaux variants), les annonces successives des plans et mesures de relance qui se déploient en Europe permettent néanmoins une première prise de recul. Acteurs Publics et Accenture ont ainsi choisi de s’associer pour faire dans les mois à venir l’analyse comparée des réponses européennes à la crise, à travers une série d’articles qui mettront en perspective les plans et mesures de relances déployés en Europe : quelles en sont les formes et calendrier différenciés ? Quels impacts est-il permis d’en attendre à ce stade ? Quels projets exemplaires et belles réussites peut-on d’ores et déjà identifier ? 

Dans ce premier article, nous nous arrêtons d’abord sur l’analyse comparée des principaux contenus des plans, en nous penchant pour commencer sur les exemples allemand, espagnol, italiens et français. 

Au-delà de l’hétérogénéité des contenus (dans l’ampleur relative des dispositifs nationaux en part de PIB et dans le « mix » entre mesures entre relance à proprement parler pour stimuler l’économie et urgence pour protéger l’appareil productif), il est notable que l’intégration des mesures prises par les Etats dans un ensemble cohérent de réformes et de projets d’investissements publics n’a pas été engagée partout de la même manière.

La terminologie « plan de relance » a été largement utilisée et commentée en France pour décrire les réponses européennes à la crise.

De fait la majorité des membres de l’UE ont consolidé leurs mesures dans de tels « plans » : ainsi de la France et de l’Allemagne notamment, qui ont dès l’été 2020 structuré leurs réponses à la crise dans le cadre respectivement de «France Relance » et de « Das Konjunkturprogramm für alle ». Par la suite, l’Espagne a également annoncé son plan “España Puede", et plus récemment l’Italie un « Plan national de relance et de résilience ». Toutefois, hors du cadre de l’Union Européenne, le Royaume-Uni n’a, lui, pas encore communiqué de façon consolidée au-delà de l’annonce d’une variété de mesures. Un « full recovery plan » devrait être présenté courant mars, dans le contexte des discussions budgétaires nationales.

Pour comprendre quelle philosophie et quelles priorités sous-tendent les différents plans de relance de chacun de ces pays et les raisons de ces communications variées (sous la forme de « package » ou non), plusieurs aspects sont à considérer :

Un cadre de priorités donné par l’union européenne

Les stratégies de relance poursuivies par les différents pays sont d’abord à relier au contexte propre à l’Union européenne dans le cadre du programme de relance de l’UE « NextGénération EU » et de « La facilité pour la reprise et la résilience », qui en est le principal instrument.

Dans ce cadre, la Commission européenne exige que chaque Etat membre bénéficiaire dépose d’ici au printemps un projet de plan cohérent et structuré autour de six principaux piliers.

D’abord, plus de 50% des montants devant être consacrés à la recherche et l’innovation, à la transition écologique et numérique, à la résilience du domaine de la santé. Ensuite, une attention particulière est accordée à la modernisation de politiques comme celle de la cohésion, la lutte contre le changement climatique (en y consacrant 30 % des fonds de l’UE), la protection de la diversité et l’égalité hommes-femmes.

Une latitude apportée par la mise en œuvre de fonds nationaux

L’alignement du contenu des plans présentés par les différents pays avec les priorités définies par le cadre européen peut varier selon la nature des financements des plans. Il convient ainsi de distinguer les pays dont les plans sont en totalité issus de subventions ou fonds européens (c’est le cas notamment de l’Italie ou l’Espagne), de ceux qui ont fait le choix de compléter ces plans avec des financements nationaux. C’est notamment le cas de la France et de l’Allemagne, qui ont choisi de financer leurs plans dans une proportion importante (respectivement à hauteur de 40% et 36%) par des crédits nationaux levés ou réorientés. Ceci permettant d’accélérer la mise en œuvre des premières mesures, sans attendre la présentation des plans à l’UE.

Le dilemme entre soutien conjoncturel et investissements structurels

Chaque état-membre a dû faire face à une double injonction : soutenir l’emploi et les économies, notamment le tissu des PME, d’une part, et investir dans les secteurs d’avenir, de souveraineté et dans les priorités de transformation de l’UE, d’autre part.

Le juste milieu est un exercice complexe, certains gouvernements en auront fait les frais.

En effet, alors que l’Italie est la première bénéficiaire de plan de relance européen (sur les 750 milliards européens, 209 lui reviennent, dont 80 milliards en subventions), faute d’accord sur les objectifs, elle n’a toujours pas complètement finalisé son plan de relance. En effet, la coalition qui portait le gouvernement Conte au pouvoir a explosé, menant à la constitution d’un nouveau gouvernement autour de Mario Draghi, sur fonds de désaccords quant à un plan jugé  initialement trop tourné vers des mesures conjoncturelles de réduction fiscales et s’attaquant insuffisamment aux problèmes structurels du pays en termes d’investissements.

Voir le document

Alors que les pays européens ont l’opportunité de construire par leurs plans de relance l’Europe de 2030, en ayant modernisé leurs structures et pris les virages de transformation industrielle et numérique, la prochaine étape pour beaucoup consistera dans la capacité à structurer et communiquer sur les impacts des mesures financées à travers les plans de relance. La Commission européenne a d’ores et déjà posé des exigences et méthodologies relatives à la mesure des coûts ainsi qu’à l’impact des mesures bénéficiant de la facilité européenne. La pression citoyenne devrait également y contribuer, alors que les incertitudes et débats relatifs aux stratégies de sorties de crise accroissent les attentes de gouvernements « ouverts et transparents » tant sur leurs choix stratégiques que sur les résultats associés. 
A cet égard, la France a déjà pris « un train d’avance », en communiquant largement le 10 février sur la mise en ligne d’un outil de data visualisation permettant de partager en open data la mise en œuvre de premières mesures.

Xavier Auburtin, Directeur Exécutif, Conseil en management pour le Secteur Public en France, Accenture
Gabriel Bellenger, Directeur Exécutif, Conseil en management pour les activités Santé et Secteur Public en Europe, Accenture
Camille Guezennec, Senior Manager secteur public, Accenture

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