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Nathalie Pilhes : “En matière d’égalité, il faut lever les résistances sur le partage de la décision”

La présidente d’Administration moderne et du réseau 2GAP, qui organisait, le 7 mars, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, les premières Assises des réseaux professionnels mixtes et féminins, souligne les avancées à mener dans le prochain quinquennat pour favoriser la place des femmes dans les lieux de décision. Développement du leadership, place des femmes dans la relance, pilotage de la dépense publique en fonction de son impact sur l’égalité entre les femmes et les hommes : autant de mesures à mettre en œuvre, estime Nathalie Pilhes.

Quel regard portez-vous sur les enjeux d’égalité aujourd’hui ? Les avancées sont-elles significatives ?
Aujourd’hui, en 2022, les enjeux d’égalité sont toujours aussi importants. Il est certain qu’avec la “grande cause du quinquennat”, des avancées notables ont eu lieu. Pour ce qui est de l’égalité professionnelle, il y a eu des avancées significatives, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. L’index Pénicaud sur l’égalité salariale, comme les plans d’action dans la fonction publique sont, parmi d’autres mesures, à saluer. La loi Rixain qui a été votée en décembre 2021 constitue une nouvelle étape importante. Pour autant, on observe que le principal point de résistance concerne le partage de la décision, donc le partage du pouvoir. Non seulement on se heurte à une résistance importante des employeurs publics comme privés, mais également du législateur qui, dans le cas du Sénat par exemple, amoindrit la portée du texte issu de l’Assemblée nationale en renonçant même à des outils de contrôle du Parlement, tels que la remise de rapports annuels de mise en œuvre de la part d’entités publiques ou du gouvernement. On touche là du doigt le fait que l’on dépasse la question de l’égalité professionnelle. On entre dans un registre beaucoup plus profond du partage du pouvoir qui, s’il ne prend pas en compte les aspirations de la moitié de la population, ne répond pas aux attentes du corps social. L’enjeu n’est pas la carrière individuelle de “femmes favorisées”, comme on peut l’entendre parfois, mais bien la qualité de la décision publique et la performance des organisations en général.

Notre livre blanc rappelle l’impact positif de la mixité sur la décision au sein des organisations.

Que faudra-t-il développer dans les années à venir, et durant le prochain quinquennat, pour accélérer ? 
Deux ans après son lancement, 2GAP a tenu les premières Assises des réseaux professionnels féminins des secteurs public et privé le 7 mars à Paris. Ces premières Assises, quelques semaines avant l’élection présidentielle française, ont été l’occasion de rendre public un livre blanc qui propose les premières pistes à suivre pour atteindre le partage de la décision entre femmes et hommes pour le prochain quinquennat. Il a été remis, à cette occasion, à la ministre chargée de l’Égalité femmes-hommes, Élisabeth Moreno. Ce livre blanc rappelle l’impact positif de la mixité sur la décision au sein des organisations publiques comme privées. Nos principales propositions portent notamment sur les voies et moyens pour favoriser la place des femmes dans les lieux de décision, sur le pilotage de la dépense publique en fonction de son impact sur l’égalité femmes-hommes, sur le développement du leadership et de l’entrepreneuriat des femmes, la place des femmes dans la relance, etc. Nos propositions sont concrètes et précises. Si l’on veut avancer de façon significative, elles peuvent et doivent être intégralement reprises par les prochaines autorités politiques nationales.

L’une des clés de réussite tient-elle au décloisonnement ? Votre réseau fait intervenir aussi bien le secteur public que le secteur privé ou le tissu associatif… 
2GAP est un collectif qui rassemble les réseaux professionnels féminins et mixtes des secteurs public et privé. Son développement fulgurant et la place qu’il a prise en si peu de temps témoignent à la fois d’un besoin et de la crédibilité qu’on lui accorde. Ses réseaux sont constitués de femmes et d’hommes, en situation professionnelle, en capacité d’observer, de proposer et de mettre en œuvre. C’est cela la clé. Les propositions formulées sont le fruit d’un mode opératoire innovant : il allie la précision juridique et technique à une validation sur le terrain des propositions, via l’ensemble des réseaux de 2GAP, qui s’inscrivent au sein de tout type d’organisations : de toutes tailles et de tous secteurs d’activités, publiques comme privées. Le décloisonnement public-privé est un atout majeur, puisque toutes les compétences sont réunies au sein d’un même collectif : c’est un atout sur le fond, mais également dans la rapidité avec laquelle on peut se saisir d’un sujet pour le transformer “clés en mains” en une proposition directement utilisable par les pouvoirs publics ou les entreprises. Le mode associatif permet d’allier compétences de haut niveau et vitesse de validation sur le terrain. Nous agissons ainsi comme une ressource. Cela a été notamment le cas toute l’année qui vient de s’écouler pour les pouvoirs publics, qui ont parfaitement compris la démarche constructive qui est la nôtre. Nous nous en réjouissons et sommes très mobilisés pour poursuivre cette dynamique.

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Club des acteurs publics

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