Pendant longtemps, il y a eu d’un côté les “innovateurs” du numérique, de l’autre les “gendarmes” du numérique. Beaucoup de choses les opposaient : leurs cultures, leurs postures, leurs positionnements, leurs méthodes, voire leurs formations. “Ils nous entravent avec leurs protocoles”, glissaient les premiers. “Ils mettent en danger les organisations avec leurs expérimentations inconsidérées”, répondaient les seconds. Des échanges réels entendus dans les allées du Forum international de la cybersécurité (FIC), lors d’une lointaine édition. À l’époque, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) et la direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État (Dinsic, devenue Dinum) n’étaient pas franchement en phase. Une époque totalement révolue.
À l’heure où s’organise une nouvelle édition de VivaTech, le grand rendez-vous européen de l’innovation numérique, auquel sera, cette année encore, associé Acteurs publics (du 16 au 19 juin) et quelques jours après que l’Anssi, devenue le puissant cybergardien de l’État, a présenté son rapport public annuel mettant en lumière le fort développement des cyberattaques, affirmer qu’agilité et sécurité numériques sont complémentaires et doivent être intégrées à l’origine et tout au long de la conduite des projets relève de l’évidence.
Il ne s’agit plus seulement de réagir et de prévenir : les enjeux “cyber” portent des problématiques de transformation globale et stratégiques.
En 2020, les attaques par rançongiel ont été multipliées par quatre et les 136 millions d’euros du plan de relance alloués à la sécurisation informatique du secteur public trouvent toute leur pertinence. Mais il ne s’agit plus seulement de réagir et de prévenir : les enjeux “cyber” portent des problématiques de transformation globale et stratégiques. Et côté Dinum, la sécurité des services dématérialisées mis en œuvre est une valeur centrale qui conditionne la réussite de toute innovation.
Plus largement, agilité et sécurité embrassent les mêmes enjeux d’attractivité – à l’heure où la puissance publique peine à recruter des talents numériques –, d’acculturation et d’accompagnement des agents comme de leurs managers, ou encore de démarches dites usagers qui placent le citoyen au cœur de toute transformation. L’agilité impose plus que jamais la sécurité ; et la sécurité ne peut se passer d’agilité. Et surtout, les “innovateurs” et les “gendarmes” savent et apprécient aujourd'hui de travailler ensemble. C’est l’un des heureux enseignements de la crise.
