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Emploi public : l’approche comptable a vécu

Si le haut niveau de la dépense publique n’est aujourd’hui plus tenable ni justifié, l’exécutif doit trouver d’autres solutions que la suppression comptable des postes.

Dans le débat public, le succès d’un gouvernement en matière de modernisation de l’État s’est longtemps résumé à sa capacité ou non à limiter le nombre de fonctionnaires. En 2017, les candidats à l’Élysée rivalisaient en la matière : 300 000, 200 000, 100 000 promesses de suppressions… Le prétendant Macron s’engageait, lui, à 50 000 suppressions dans la fonction publique d’État et 70 000 dans les collectivités.

Une autre époque : personne, aujourd’hui, ne peut sérieusement lui reprocher la stabilité des emplois à l’État entre 2017 et 2022, officialisée dans le projet de loi de finances présenté cette semaine. Ainsi le père de la Révision générale des politiques publiques (150 000 suppressions de postes à l’État entre 2007 et 2012), Éric Woerth, a-t-il observé : “C’est le fruit de la crise…” Et d’ajouter : “Je ne sais pas si le bon objectif, c’est beaucoup de suppressions de postes…” En matière d’emploi public, le contexte sanitaire est passé par là, pointant les effets de l’approche bien davantage comptable que stratégique qui a conduit à la suppression régulière de postes dans les hôpitaux publics, notamment.

On ne coupera pas à la réforme des retraites.

Reste que le maintien à un haut niveau de dépense publique n’est plus tenable ni justifié aujourd’hui et fait s’agiter les contempteurs de l’exécutif, en cette précampagne électorale. Au-delà des réformes structurelles que le gouvernement serait avisé d’initier sans tarder – on ne coupera pas à la réforme des retraites, dixit la Cour des comptes dans son rapport d’audit sur la dette publié mi-juin –, c’est l’occasion de remettre en avant une réforme de l’action publique aujourd’hui au ralenti. Les ingrédients sont, pour certains, bien connus depuis longtemps : confier à d’autres (secteur privé, secteur associatif…) les missions que la sphère publique n’a plus à assumer ; clarifier les interventions publiques ; installer de manière pérenne certaines simplifications notamment réglementaires mises en œuvre pendant la crise ; généraliser la contractualisation entre État et territoires ; accélérer fortement, dans le même tempo, transformation et acculturation numériques…

En matière de gestion des ressources humaines, les managers RH, inquiets des effets à long terme de la crise sur les agents, sont de plus en plus nombreux à inviter le collectif, le sens et la reconnaissance au cœur du management des troupes. Et par ailleurs, à pousser à la réinvention de l’entrée et de la sortie dans la fonction publique : doper l’apprentissage et l’alternance – qui y sont encore balbutiants – et revoir la gestion des carrières des seniors, plus touchés par l’absentéisme et la démobilisation. Les problématiques sont multiples. Les décideurs publics doivent donc en avoir pleinement conscience : l’approche purement comptable de la gestion de l’emploi public a vécu. 

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Club des acteurs publics

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